À la fin d’une longue journée de travail, je prends un court moment pour entamer la lecture de mes courriels, afin d’éviter d’avoir des surprises le lendemain matin à huit heures. La frustration prend le contrôle de mon esprit fatigué, alors que je lis le courriel rempli de plaintes et de revendications d’un étudiant reconnu pour ses réactions immatures devant les problèmes de la vie. Ma première idée est de lui retourner une lettre de réprimande, mais je me glisse plutôt dans mon lit et je songe à ce que je vais lui répondre. En réfléchissant sur la source de ma frustration, je décide de laisser tomber mes premières intentions et je saisis l’occasion pour être un exemple de grâce.

En tant que principe fondamental de notre théologie et expérience chrétienne, la grâce demeure souvent un concept abstrait plutôt qu’une pratique quotidienne. Dans nos moments de colère, tout ce que notre coeur désire c’est un procès équitable. Nous nous empressons de défendre notre cause et de démontrer l’illogisme de notre adversaire. Qu’on le dise tout haut ou le passe sous silence, notre désir c’est de triompher.

Dans sa lettre aux Éphésiens, Paul rappelle aux croyants qu’ils ont accès à « toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (1.3). Cependant, nous oublions parfois que ce trésor spirituel renferme la grâce nécessaire pour répandre la douceur là où nous aurions autrement opté pour un « oeil pour oeil » (Mt 5.38-44).

Loin d’être un idéal philosophique, la grâce est devenue visible premièrement à travers Christ (2 Co 8.9 ; Tit 2.11). Il doit en être de même dans nos vies. De la même façon que Jésus a choisi de nous aimer alors que nous n’avions rien à lui offrir, notre capacité à répandre la grâce n’est pas mesurée par les moments où nous croyons être soutenus. La grâce prend vie lorsque nous offrons l’amour au moment où nous pourrions réclamer vengeance.