La photo de mon magazine d’actualités montrait un ours du cirque de Moscou qui se déplaçait sur une corde raide pour la prestation qu’il s’apprêtait à faire. Une image encore plus intéressante était celle de la femme assise dans l’ombre, le corps affalé et la tête reposant sur une main, comme si elle avait déjà vu ce numéro. Elle n’aurait pu avoir l’air de s’ennuyer davantage.

Elle me rappelle l’essai Nature de Ralph Waldo Emerson, dans lequel il déclare à quel point il serait surexcité si les étoiles n’étaient visibles qu’une fois tous les mille ans. Alors que ce jour approcherait, nous nous rassemblerions avec tous nos amis et resterions éveillés toute la nuit. Mais les étoiles étant visibles chaque nuit, nous fermons nos rideaux et allons nous coucher.

Elle me rappelle aussi les fils d’Éli qui ont grandi dans la présence de Dieu. Mais la familiarité engendre souvent le mépris, et ils « ne se souciaient pas de l’Éternel » ni de leurs devoirs de sacrificateurs (1 S 2.12,13). Ils couchaient avec les femmes qui servaient au Tabernacle et volaient la viande offerte par les adorateurs (v. 12‑17,22).

Elle me rappelle B. B. Warfield, qui a averti les étudiants de son séminaire que « le fait d’être continuellement en contact avec les choses divines » pourrait les « rendre ordinaires à leurs yeux ». Il a constaté que ce danger est aussi un grand privilège en affirmant ceci : « Pensez au privilège qu’est le vôtre lorsque le plus grand danger que vous courez est de voir la religion devenir chose courante pour vous. » Mais cela reste tout de même un danger.

Elle me rappelle nous-mêmes. Êtes-vous béni par les multiples traductions de la Bible ? Lisez-vous des livres et des blogues édifiants ? Les louanges font-elles partie de la bande sonore de votre vie ? Quel privilège ! Quel danger !

Soyons comme le jeune Samuel, qui ne s’est jamais habitué au fait qu’il « grandissait auprès de l’Éternel » (v. 21). Il a entendu la voix de Dieu parce qu’il était déjà en train d’écouter (3.10).