William Shakespeare était maître de l’insulte, une « qualité » que l’acteur Barry Kraft illustre adroitement dans son Shakespeare Insult Generator. Ce brillant ouvrage renferme d’obscures insultes tirées des pièces shakespeariennes. Par exemple, on peut dénigrer quelqu’un ainsi : « Espèce de misérable orgueilleux à tête de mule », ce qui est beaucoup plus créatif que de dire : « Tu te vantes constamment et tu n’es pas très intelligent, toi le vaurien ! »

Le livre léger de Kraft peut être amusant. Par contre, un ancien roi de Moab a payé un mystérieux prophète non seulement pour insulter les Israélites, mais pour les maudire carrément : « Viens, je te prie, maudis-moi ce peuple », a dit le roi Balak à Balaam (NO 22.6). Au lieu de cela, Balaam l’a rendu furieux en bénissant le peuple hébreu – à maintes reprises (24.10). L’une de ses bénédictions inclut cette prophétie : « Je le vois, mais non maintenant, je le contemple, mais non de près » (24.17). Il est évident que l’individu en question n’est pas encore entré en scène, mais de qui Balaam peut-il bien parler ? Le reste du verset nous en donne un indice : « Un astre sort de Jacob, un sceptre s’élève d’Israël » (V. 17). Une étoile allait un jour conduire les mages jusqu’à l’Enfant promis, l’astre sorti de Jacob (MT 2.1,2).

Un prophète mésopotamien ayant vécu dans l’Antiquité et ignorant tout du Messie a ainsi évoqué un signe annonçant l’arrivée de Christ. De cette source improbable est venue non pas une malédiction, mais une bénédiction.