Amos, livre délaissé des petits prophètes, est l’un des personnages bibliques les plus fascinants. Ce prophète m’a déjà posé problème parce que mon fils Seth avait autrefois un singe en peluche nommé Amos. Toutefois, ma difficulté majeure a été la fidélité d’Amos à l’égard de son appel en tant que prophète.

Le mot prophète évoque de curieuses images : des yeux brillants, une voix furieuse, des paroles étranges. Les prophètes n’auraient jamais passés pour des citoyens ordinaires. Ils ne demandaient pas la permission de parler. Ils n’essayaient pas de persuader les autres qu’ils savaient de quoi ils parlaient. Le bibliste Walter Brueggemann déclare que les prophètes étaient les porte-parole de Dieu. Un vrai prophète n’était qu’un messager. Dieu parlait, et le prophète de Dieu transmettait sa parole aux autres.

Un prophète prenait la parole lorsqu’une situation tournait radicalement mal. Il y avait urgence. Ce n’était pas le moment de délibérer ou de dialoguer. Il fallait écouter. Dieu parlait. Des vies en dépendaient.

Amos a pris la parole parce que l’humanité avait oublié Dieu et, en conséquence, elle s’autodétruisait. La nation d’Israël avait écrasé et volé le pauvre (2.6). Elle avait perverti son système de justice afin que les marginaux n’aient aucune possibilité de recours (v. 7). Elle avait réduit en esclavage des tribus et des villages entiers. Elle avait violemment abusé des plus vulnérables : les défavorisés, les veuves et les orphelins.

Cela ne convenait pas à Dieu. Ce n’était pas le monde qu’il avait créé. Il était en colère. Amos l’a hardiment déclaré : L’Éternel « fait entendre sa voix » (1.2). Que devait faire le prophète lorsque les gens devenaient fous et que Dieu refusait de les laisser faire ?

Je vois la destruction dans notre monde, la douleur, la violence et le mal. Je le constate, et il me tarde de voir Dieu se mettre en colère. Je suis impatient de l’entendre rugir.