VU DE LOIN, il serait facile d’idéaliser Salomon. La Bible nous parle de ses richesses et de ses réalisations. Ses projets de construction à l’échelle nationale rendent hommage à sa vision. Son recueil de proverbes et de réflexions portant sur le sens de la vie témoigne de sa quête du savoir de toute une vie.
Vu de plus près, cependant, nous pouvons voir que Salomon a eu une vie difficile et perturbée qui nous en dit long au sujet du réalisme que nous trouvons tous en nous‑mêmes et autour de nous.

Salomon est l’enfant qui est né du mariage de son père avec Bath‑Schéba. Il tire ses racines du côté sombre de son père. La mère de Salomon était mariée à un autre homme lorsque le roi David a commis l’adultère avec elle et a fait tuer son mari afin d’étouffer le scandale.
Le fait que le Seigneur ait aimé Salomon (2 Samuel 12.24) et qu’il en ait fait l’un des hommes les plus sages que le monde ait connu illustre un principe établi dans toute l’Écriture : Dieu ne nous tient pas pour responsables des péchés de nos pères.

Il a accédé au trône au cœur d’un conflit familial. Lorsque David était sur le point de mourir, son fils aîné, qu’il avait eu d’une autre femme, a tenté de ravir à Salomon le trône qui lui avait été promis. Au moment crucial, Bath‑Schéba est intervenue et a rappelé au roi qu’il avait promis le trône au fils qu’il avait eu d’elle (1 Rois 1.15‑21). Comme Dieu avait dit à David que Salomon serait roi (1 Chroniques 22.9,10), la suite d’événements dramatiques qui a suivi nous rappelle que nos ennemis ne peuvent nous empêcher de faire ce que Dieu veut faire par nous.

Les premiers gestes que Salomon a posés en tant que roi l’ont été dans un contexte marqué par les compromis culturels et religieux. Dans un effort apparent pour favoriser de bonnes relations entre le peuple d’Israël et son voisin du sud, Salomon a épousé la fille païenne du Pharaon d’Égypte (1 Rois 3.1). De plus, Salomon et son peuple ont adoré sur les hauts lieux où les gens du pays offraient leurs sacrifices afin de se rapprocher de leurs dieux (v. 2,3). Un tel culte était interdit depuis l’époque de Moïse (Deutéronome 12.2). Pourtant, en dépit de ces faux pas spirituels, Salomon gardait une place dans son cœur pour le Seigneur, et Dieu s’est montré patient envers lui. Son vécu nous rappelle que, dans notre monde brisé, Dieu peut œuvrer par notre désir de l’honorer, même si nous ne réalisons pas à quel point nous sommes perturbés.

Salomon a pris une de ses meilleures décisions consignées durant son sommeil. À ce jour, nous nous souvenons de Salomon pour la façon dont il a réagi lorsque le Seigneur lui est apparu et que celui‑ci lui a donné l’occasion de demander le désir de son cœur (1 Rois 3.5). Étonnamment, Salomon n’a demandé ni la richesse, ni une longue vie. Il a demandé plutôt l’intelligence et le discernement nécessaires pour savoir diriger la nation qui lui avait été confiée. Résultat : Dieu s’est dit heureux de sa demande et a promis à Salomon de lui donner non seulement un cœur sage et intelligent, mais aussi les richesses et la gloire. Ce que certains passent toutefois sous silence, c’est que Salomon a fait cette demande pendant son sommeil. Toute cette conversation s’est déroulée durant un songe (v. 15). Son vécu nous rappelle que Dieu œuvre avec nous de façons qui en disent beaucoup plus long sur sa bonté que sur la nôtre.

Le premier acte de sagesse consigné de Salomon visait à régler un conflit tragique entre deux femmes de la rue. Dieu aurait pu présenter à Salomon son don de sagesse en amenant celui‑ci à rivaliser avec le gratin de la société et les plus grands esprits du monde. Au lieu de cela, son premier acte de sagesse consigné a servi à régler un conflit entre deux prostituées. Les deux avaient récemment donné naissance à des bébés dont les pères étaient inconnus. Cependant, le bébé de l’une des femmes était mort accidentellement et l’autre femme déclarait maintenant être la véritable mère du nouveau‑né encore vivant. Les deux femmes ont fait appel à Salomon pour qu’il tranche leur litige. En commettant l’impensable – il a réclamé une épée et a menacé de « couper l’enfant en deux » -, Salomon a pu dévoiler le cœur de la vraie mère (1 Rois 3.16‑28).
Le premier acte de sagesse consigné de Salomon nous rappelle que le sens de la justice et de la miséricorde de Dieu s’étend à des gens que d’autres jugeraient indignes.

Salomon nous a montré à discerner les deux côtés de la nature humaine. En menaçant de « couper l’enfant en deux », Salomon a démontré qu’une des femmes était prête à voir l’enfant mourir plutôt que de le voir dans les bras de l’autre. La seconde a montré qu’elle préférait voir l’enfant être donné à une autre que le voir mourir. En mettant en lumière certains côtés parmi les meilleurs et les pires de la nature humaine, Salomon nous a donné une importante leçon de sagesse relative à notre propre cœur : La sagesse nous pousse à trouver les preuves subsistantes de notre création à l’image de Dieu et des affections contraires qui trahissent notre indépendance déclarée par rapport à lui.

La sagesse de Salomon ne l’a pas empêché d’agir en insensé. En dépit de tout le discernement que Dieu a donné à Salomon, il a fini par faire précisément ce que les rois d’Israël avaient l’interdiction de faire (Deutéronome 17.14‑20). Cédant à un désir scandaleux de satisfaire ses sens, il a multiplié ses richesses personnelles, ses concubines et ses partenaires sexuelles. Et juste comme on aurait pu penser qu’il ne pouvait faire pire, Salomon a fait bâtir des autels aux dieux païens de ses concubines sur la montagne en face de Jérusalem (1 Rois 11.1‑8). La vie de Salomon nous démontre quelque chose de très important : La sagesse ne nous est utile que si nous en usons.

Le caractère réel des ennuis et des échecs de Salomon constitue peut-être pour nous l’une de ses contributions les plus importantes. La folie de Salomon nous fait voir que toute la sagesse du monde ne saurait changer notre nature humaine. Qui d’entre nous ne souhaiterait pas être plus honnête, plus aimant et plus maître de soi qu’il n’y est naturellement enclin ? Voilà pourquoi, en réalité, nous n’avons nul besoin d’une sagesse destinée à nous réformer nous‑mêmes et dont nous pourrions nous approprier le mérite : Ce dont nous avons véritablement besoin, c’est de la sagesse qui nous a été donnée en cadeau de grâce de la part de Dieu, en Christ, par Christ et pour Christ (1 Corinthiens 1.30).

Père céleste, aide‑nous à ne jamais oublier que nous avons besoin d’une sagesse qui nous amène à nous tourner vers ton Fils et qui provient de lui. Rends‑nous capables de vivre en étant sans cesse reconnaissants envers lui pour son sacrifice et en comptant entièrement sur ton Esprit pour user d’une sagesse qui te glorifiera au siècle des siècles.