Sergei confie à son pasteur : « Deux ans sont passés depuis que Danica m’a trompé et la blessure n’est toujours pas fermée. Certains jours, j’arrive à l’oublier, mais la douleur refait surface subtilement, prête à exploser à tout moment. Par exemple, pendant un repas au restaurant, le chagrin et la colère peuvent refaire surface et engendrer du mépris. Comment puis-je pardonner si je ne peux pas oublier ? »
Le pasteur lui répond que c’est impossible d’oublier ce que Danica a fait, parce qu’elle compte pour lui. Il a ensuite dit : « As-tu déjà présenté tes excuses à une personne pour apprendre qu’elle ne se rappelle pas de toi ou de ce que tu as fait ? Il n’y a rien de pire que de réaliser qu’on est si peu important que notre péché n’a même pas été remarqué. C’est donc bon signe si l’aventure de Danica te trouble. »
Sergei insiste : « La Bible ne dit-elle pas qu’on doit oublier lorsqu’on pardonne ? Dieu n’oublie-t-il pas tous nos péchés ? »
Le pasteur lui répond : « Si pour toi oublier signifie que Dieu ne se souvient plus de ce que tu as fait, alors la réponse est non. Il est impossible à Dieu de ne pas connaître tout ce qui est déjà arrivé ou tout ce qui arrivera. Quand Dieu dit : “Je ne me souviendrai plus de leurs péchés” (Hé 8.12) et “Autant l’orient est éloigné de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions” (Ps 103.12), il veut dire qu’il ne tient plus rigueur de nos fautes. Il se souvient de ce que nous avons fait et son pardon n’en est que plus considérable. Parce que tu aimes Danica et que la blessure de son péché est si profonde, lui pardonner ne se fera pas en une seule occasion. Chaque fois que tu te remémoreras ses actions, tu devras la libérer de sa dette morale. En combattant pour le pardon, tu réaliseras que tu te bas pour elle, et elle n’en deviendra que plus précieuse à tes yeux. »
Pardonner une faute nécessite de s’en souvenir et de s’en libérer. On ne peut pardonner ce qu’on a oublié.
Si l’oubli est un obstacle au pardon, est-il aussi dangereux de trop s’attarder sur les offenses ? Comment peut-on différencier la remémoration d’une faute de l’amertume malsaine ?