« HOUSTON, NOUS AVONS UN PROBLÈME »
Deux jours après le lancement de la mission lunaire d’Apollo 13, et à environ 321 000 km de la Terre, un réservoir d’oxygène du vaisseau spatial a explosé. L’air de la cabine ainsi que l’eau et le système d’alimentation électrique de la navette se trouvaient tout à coup menacés. Le centre de contrôle a dû surmonter des défis énormes pour ramener l’équipage sur la Terre.
Depuis cette situation critique dans l’espace, l’expression « Houston, nous avons un problème » est devenue célèbre. Habituellement nous la prononçons avec un sourire, mais toujours en gardant le souvenir d’une situation extrêmement périlleuse.

Se pourrait-il que le ciel soit notre Houston ? Les paroles des astronautes d’Apollo me reviennent en mémoire tandis que je me pose cette question. Qu’en serait-il si nous considérions le ciel comme notre centre de contrôle dont les instructions nous ramèneraient sains et saufs à la maison si nous les suivions ? Voici ma réaction : Si rentrer « à la maison » sains et saufs dépend de notre capacité de faire ce qu’on nous demande de faire, alors « Houston, nous avons vraiment un problème ».
Je ne peux pas penser à une seule loi de Moïse, de Christ ou de Paul que je n’aie pas, en principe, violée ou laissée inachevée. Pas question que je puisse répondre à la question : « Où en est ta patience ? C’est réglé. Qu’en est-il de ton inquiétude ? C’est fini, je n’en ai plus. Aimes-tu ton ennemi ? Oui, j’en suis venu à l’aimer. » Si cette liste de vérification est importante, j’avoue alors que la mienne est un désastre.

Comment pouvons-nous rentrer sains et saufs à la maison ? Pour ces raisons et plusieurs autres, j’ai de la difficulté à comprendre ceux qui – préoccupés par leur salut ou  leur croissance spirituelle – canalisent toute leur énergie à observer les commandements de Moïse, de Jésus ou de Paul. Il me semble que les gens qui obéissent vraiment à l’esprit de la Loi sont ceux qui ont été bouleversés par la grâce, le pardon et la patience de Dieu, et ce, malgré leur réticence et leur incapacité à lui obéir fidèlement et pleinement (Luc 18.10-13).

Alors, quel rôle avons-nous à jouer dans la mission ? Il est important de comprendre l’esprit dans lequel les commandements de la Bible ont été écrits. Quand l’Ancien et le Nouveau Testament nous exhortent à « obéir » à Dieu, le premier sens des mots hébreux et grecs est souvent « écouter » ou « prêter attention à ». Par exemple, le terme hébreu qui apparaît souvent sous la forme verbale « obéir » dans nos versions françaises est traduit par « Écoute » dans la fameuse expression « Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel ! » (Deutéronome 6.4).
Dans le Nouveau Testament, le terme grec rendu par « obéir » veut dire être persuadé. Selon le dictionnaire biblique de Vine, l’accent n’est pas mis sur la soumission à l’autorité, mais sur l’action résultant du fait d’avoir été convaincu par l’intelligence et la vérité. L’idée que l’auteur de l’épître veut communiquer, lorsqu’il dit : « Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes » (Hébreux 13.17), c’est que nous devons nous laisser persuader par la vérité.

Comment un changement de pensée par rapport à l’autorité pourrait-il influencer notre réponse à Dieu ? Cela ferait-il une différence si, au lieu de dire : « Obéissez-moi », Jésus disait : « Écoutez-moi. Je désire votre attention pour votre bien. Je ne veux pas simplement votre soumission par devoir. Je veux que vous m’aimiez, parce que moi je vous aime. »
Prenons par exemple un mari et une femme qui se parlent sans s’écouter et sans chercher à se comprendre. De plus en plus frustré, l’un des deux dit : « Écoute-moi et dis-moi simplement ce que tu veux que je fasse, et je le ferai. Sois précis. Et surtout n’essaie pas de me faire deviner ce que tu veux. » L’autre lui répond : « Non, je ne te dirai pas quoi faire. Je n’ai pas besoin de ta soumission résignée. Ce que je veux, c’est ton cœur. »
C’est le genre de conversation qui est à vous rendre fou. Pourtant, c’est exactement ce dont nous avons besoin. Même Dieu ne nous explique pas avec précision comment faire preuve de patience, de maîtrise de soi et d’amour envers lui dans les moments très particuliers de notre vie. Il nous montre combien il nous aime, nous donne des principes généraux, et puis nous demande de répondre de tout notre cœur à l’élan de son cœur.

À quoi pourraient ressembler une vie et une théologie basées sur l’écoute ? Afin d’écouter davantage la voix de Dieu plutôt que moins, pourquoi ne pas lui demander de nous aider à l’écouter plus que n’exige de nous notre obligation morale envers lui ? Pourquoi ne pas faire silence suffisamment longtemps pour que nous puissions l’entendre nous dire : « Arrêtez et sachez que je suis Dieu » (Psaume 46.11). Lorsque nous essayons d’obtenir son aide et sa faveur, pourquoi ne pas commencer par l’écouter, réellement l’écouter, et pas seulement lui, mais s’écouter aussi les uns les autres, écouter nos ennemis spirituels et politiques, et même notre propre cœur ? Aurions-nous plus de chances d’entendre la voix de Jésus nous dire : « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent » (Jean 10.27).
Cette façon de suivre Jésus diffère tellement de celle qui consiste à se conformer vaniteusement à des règles pharisaïques. Lorsque je prête une attention soutenue à sa voix dans les Écritures, ce n’est pas une personne dévorée par un esprit d’autorité et de domination que j’entends. Au lieu de cela, j’entends la voix de l’amour me dire : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger » (Matthieu 11.28-30).
Même si Jésus a tous les droits d’exiger notre obéissance immédiate et inconditionnelle, il nous aborde avec douceur, faisant appel non seulement à notre volonté, mais également à notre intelligence et à notre cœur. Dans les derniers chapitres de la Bible, il continue de dire à sa famille récalcitrante et inattentive : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apocalypse 3.20).

Dieu nous montre combien il nous aime, nous donne des principes généraux, et puis nous demande de répondre de tout notre cœur à l’élan de son cœur.

Notre Père céleste, nous avons besoin de toi bien plus que les astronautes ont eu besoin de leur centre de contrôle. Tu comprends beaucoup mieux que nous les problèmes auxquels nous faisons face. Tu as tous les droits d’exiger notre obéissance et notre soumission à ton autorité. Tes commandements sont parfaits. Tes lois sont justes. Néanmoins, tu vois beaucoup mieux que nous notre incapacité à garder une seule de tes lois, et encore moins toutes tes lois. Merci de nous donner ton Fils au lieu d’exiger de nous quelque chose que nous serions incapables de te donner. Merci de nous demander d’être à l’écoute de ton cœur  – et de nous donner ainsi une bonne raison de te faire confiance – au lieu de nous ordonner de t’obéir aveuglément.