UN CERTAIN FILM SORTI EN 2011 commence par des images puissantes, obtenues au moyen du télescope Hubble, et par le murmure d’une question : « Où étais‑tu quand je fondais la terre ? […] Alors que les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? » (Job 38.4,7.)

Le film L’arbre de la vie (écrit et réalisé par Terrence Malick, et interprété par Brad Pitt, Sean Penn et Jessica Chastain) s’est valu des critiques variées. La poésie visuelle et le réalisme de ce film captivent certains spectateurs, alors que la spiritualité d’un drame rendant difficile de faire abstraction de certaines des questions les plus profondes de la vie en rebute d’autres.

Il se peut également que ceux qui refusent de se débattre avec des questions sans réponse aient du mal à supporter la lenteur du déroulement de ce film, qui suit la vie de trois frères grandissant dans les années 1950. Le divertissement ne réside pas dans l’action, mais dans les façons inévitables par lesquelles un garçon atteint la maturité en composant avec la manière opposée dont ses parents tentent de surmonter des situations échappant à leur volonté.

La mère, par exemple, croit qu’il existe deux manières de vivre. Juste avant que le deuil fasse voler sa vie en éclats, nous l’entendons murmurer : « Les religieuses nous ont dit qu’il y avait deux chemins pour traverser la vie : le chemin de la nature et le chemin de la grâce. On doit choisir lequel suivre. La grâce ne cherche pas sa satisfaction. Elle accepte d’être ignorée, oubliée, rejetée. Elle accepte les insultes. La nature, elle, ne pense qu’à sa satisfaction et à convaincre les autres d’y œuvrer aussi. Elle aime les traiter avec arrogance, imposer sa volonté. Elle trouve des raisons d’être malheureuse quand le monde rayonne tout autour d’elle et que l’amour sourit à travers toutes choses. Les religieuses nous ont appris qu’aucun de ceux qui suivent le chemin de la grâce ne connaîtrait jamais le malheur. »

Son mari, par contraste, cherche à préparer ses fils à se défendre à la manière de l’homme. Il leur dit : « Il faut une volonté de fer pour faire son chemin dans le monde » et : « J’ai jamais rien voulu d’autre pour toi que t’apprendre à être fort et grandir, et devenir ton propre patron. »

Les spectateurs regardent le jeune Jack mûrir en perdant progressivement son innocence et en s’affranchissant de son père parfois distant et exagérément contrôlant.

Alors que la mère de Jack vit un deuil personnel affligeant, on peut l’entendre murmurer à Dieu : « Où étais‑tu ? Savais‑tu ? »

Devant le réalisme de la mort, Jack pose ses propres questions à son Créateur : « Où tu étais ? Tu as permis qu’un garçon meure. Tu permettras tout. Pourquoi je devrais être bon si tu ne l’es pas ? »

Il résulte de tout cela un film qui tient en tension la beauté, le merveilleux et la conception de l’univers avec la brutalité de deuils terribles et les questions troublantes que l’on trouve dans le livre de Job.

On pourrait s’attendre avec espoir à ce qu’un film aussi fascinant que L’arbre de la vie incite certaines personnes à examiner de plus près le Livre duquel ce film tire son titre et sa citation d’introduction. Ceux dont c’est le cas pourraient découvrir des thèmes dans le livre de Job qui parlent au cœur de toutes les générations :

  1. Certaines souffrances découlent de nos propres choix (Job 4.8).
  2. D’autres souffrances sont issues du jugement que portent des amis qui ajoutent à notre douleur sans le vouloir en présumant que nous prospérons ou nous souffrons directement proportionnellement à ce que nous méritons (Job 1.8 ; 32.3).
  3. De plus, certains revers de fortune sont attribuables à un ennemi qui croit que les gens ne mettent leur confiance en Dieu qu’en vue d’obtenir quelque chose de lui (Job 1.6-22).
  4. Une souffrance incessante peut engendrer le désillusionnement même chez le meilleur des serviteurs de Dieu (Job 3.1-26).
  5. Dans les pires moments de notre vie, il se peut que Dieu se serve de ses merveilles pour nous rappeler que nous avons raison de lui faire confiance (Job 38–42).

Ensemble, ces thèmes nous rappellent que le livre de Job nous offre plus que la question murmurée qui apparaît dans le prologue du film de Malick intitulé L’arbre de la vie. Plus important encore, le reste de l’histoire suscite en nous une autre question qui a le tour de mettre le silence de Dieu en perspective.

Le même Créateur qui demande : « Où étais‑tu quand je fondais la terre ? » (Job 38.4), finit par s’écrier : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as‑tu abandonné ? » (Matthieu 27.46.) Dans cette question qui reste momentanément sans réponse, l’arbre de la vie de la Bible (Genèse 2.9) revêt une toute nouvelle signification.

Qui aurait pu prévoir qu’avant la fin de l’histoire de la Bible, la gloire d’une croix de bourreau surpasserait la beauté de l’arbre de la vie originel ? Qui aurait pu imaginer que le Fils de Dieu mourrait à notre place, afin de nous montrer la voie de la grâce et de donner un tout nouveau sens à l’arbre de la vie ?

Père éternel, dans la confusion des questions qui restent sans réponse, nous nous sommes trop souvent fiés aux voies de notre nature déchue plutôt qu’aux preuves irréfutables de ta grâce. Dans notre douleur, veuille nous aider à apprendre les leçons que tu as enseignées à Job, ton serviteur. Mais bien plus encore, puisses‑tu nous aider à nous rappeler les souffrances de ton Fils, qui nous procurent toutes les raisons de te faire confiance même lorsque rien d’autre ne semble avoir de sens.