Après la défaite catastrophique à Gettysburg, durant la guerre de Sécession (1863), le général Robert E. Lee a reconduit ses troupes vaincues en territoire sudiste. Des pluies diluviennes ayant causé sa crue, le fleuve Potomac a barré sa retraite. Le président Abraham Lincoln a alors exhorté le général George Meade à passer à l’attaque. Mais comme ses hommes étaient tout aussi fatigués que ceux de Lee, Meade leur a donné du repos. Muni de sa plume, Lincoln a alors écrit une lettre dans laquelle il avouait que la réticence de Meade de ne pas pourchasser Lee « l’affligeait incommensurablement ». Sur l’enveloppe, le président a écrit ces mots : « Au général Meade, jamais envoyée ni signée. » Et cela fut effectivement le cas.

Longtemps avant Lincoln, un autre grand dirigeant avait saisi l’importance de réfréner ses émotions. Aussi justifiée soit-elle, la colère constitue une force dangereusement puissante. Le roi Salomon a dit : « Si tu vois un homme parler sans réfléchir, il y a plus à attendre d’un homme stupide que de lui » (PR 29.20). Salomon comprenait que « l’homme stupide affiche toute sa passion, tandis que le sage y met un frein » (V. 11).

En définitive, le refus d’envoyer cette lettre a empêché Lincoln de démoraliser son meilleur général, l’aidant à remporter une guerre nécessaire et contribuant à la guérison d’une nation. Nous ferions bien de tirer une leçon de cet exemple.