Alors que nous roulions lentement sur une « route » à deux voies cahoteuses et ravagées par la pluie, nous avons croisé des habitations délabrées où des enfants chassaient pieds nus de petits poulets affolés. Une clôture toute simple entourait le jardin où germaient des plants de maïs et de tomates peu productifs. Des fermiers filiformes poussaient de lourds buffles qui labouraient de plus grands champs.

Soudain, nous avons vu se dresser au loin un manoir tentaculaire aux allures de forteresse. C’était la maison du maire. Mais il ne visitait que rarement ce palais rural et ses citoyens démunis. Il menait une vie somptueuse dans une ville éloignée de son fief isolé. Ses citoyens avaient besoin d’électricité, d’eau et de soins de santé de base. Mais on ne pouvait le déranger. Pire encore, dans une région voisine, un dirigeant provincial avait organisé une tuerie afin de consolider son emprise sur le pouvoir politique.

Le prophète Habakuk a posé à Dieu des questions délicates sur ce genre d’injustice. Il se lamentait parce que violence et l’oppression régnaient sur son pays : « Jusqu’à quand, ô Éternel ?[…] J’ai crié, et tu n’écoutes pas ! » (Ha 1.2.) Dieu a répondu : « Malheur à celui qui amasse pour sa maison des gains iniques ». Puis il le mit en garde : « [Afin] de placer son nid dans un lieu élevé, pour se garantir de la main du malheur ! C’est l’opprobre de ta maison que tu as résolu, en détruisant des peuples nombreux, et c’est contre toi-même que tu as péché » (2.9,10).

Nous n’avons pas toutes les réponses face aux injustices de ce monde, mais nous sommes assurés de ceci : Dieu veut que nous contribuions au rétablissement de la justice. C’est un sujet qui résonne dans tous les écrits des prophètes (És 58.3-7 ; Mi 6.8), et un thème clé du sermon sur la montagne de Jésus (Mt 5.7).

Un jour, la justice sera totalement rétablie par Dieu. En attendant, son plan est de nous utiliser afin d’oeuvrer pour la paix et la justice.