En octobre 2011, cinquante-six animaux sauvages ont terrorisé la ville de Zanesville, dans l’Ohio. Le propriétaire d’un parc d’animaux exotiques, aux prises avec des défis juridiques et les plaintes de ses voisins, s’en était pris à la collectivité en ouvrant délibérément ses cages juste avant la tombée de la nuit.
Les autorités locales ont réagi en prévenant les voisins, en barricadant les rues et en fermant les écoles. Après avoir tenté quelques fois en vain de tranquilliser les animaux, des shérifs adjoints ont reçu l’ordre de tirer à vue sur tout animal dangereux avant que le pire ne se produise.
Au cours des heures qui ont suivi, une chose terrible a eu lieu. Quarante-neuf des animaux libérés – y compris un loup, deux grizzlys, neuf lions mâles et dix-huit tigres du Bengale – sont morts. Le propriétaire du parc animalier s’est enlevé la vie.
Des conséquences aussi tragiques donnent de l’importance à cet événement. Par contre, si je me suis senti poussé à réfléchir à ce qui s’est passé à Zanesville, c’est également pour une autre raison. Cela me rappelle les paroles et l’histoire de l’apôtre Pierre, qui a écrit :
« Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion, cherchant qui il dévorera » (1 PIERRE 5.8).
Pour quelle raison Pierre compare-t-il Satan à un lion rugissant ? Comment et pourquoi notre ennemi spirituel rugit-il ?
Avec de telles questions en tête, examinons ensemble ce que Pierre ajoute ensuite. Au sujet du diable, il nous exhorte ainsi : « Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes épreuves sont imposées à vos frères dans le monde » (5.9).
Peu importe à quoi ressemble le rugissement, Pierre le relie à la souffrance. Même s’il n’affirme pas que toute souffrance provient directement du diable, sa mise en garde semble être conforme à ce que nous soyons nombreux à savoir être la vérité. Devant la peur, l’échec et la souffrance, nous risquons de paniquer et de donner foi aux mensonges de l’accusateur qui nous traque.
L’histoire même de Simon Pierre nous brosse un portrait frappant de la façon dont cela s’est produit dans son cas. La nuit ayant dû être la pire de sa vie, il a entendu Jésus lui dire : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (LUC 22.31,32).
Il n’a pas fallu longtemps avant que les paroles de Jésus se concrétisent. Dans le jardin de Gethsémané, Pierre s’est endormi pendant que son Maître agonisait en prière. Puis, soudain, comme s’il faisait un affreux cauchemar, il a vu son Messie se faire arrêter, lier comme un criminel et emmener prisonnier par les chefs religieux qui voulaient sa mort.
Le rugissement du lion était une tactique d’intimidation trompeuse. S’il parvenait à dévorer Pierre, ce serait par des mensonges.
Le lion rôdait. Lors de l’arrestation de Jésus, la plupart des autres disciples ont fui pour rester en vie. Pierre n’a pas tardé à se retrouver seul. Dans la nuit froide et sombre, il a dû affronter la confusion et la peur.
Comble d’ironie, la fois suivante où le lion a rugi, celui-ci a emprunté la voix d’une jeune femme reconnaissant que Pierre faisait partie des disciples de Jésus (LUC 22.56,57). Cependant, le disciple qui s’était cru prêt à suivre Jésus en prison ou même dans la mort se sentait maintenant pris d’une panique qu’il n’avait pas vue venir. Il ne s’était jamais attendu à pareil dénouement. S’ils voulaient tuer Jésus, ils allaient devoir le tuer lui aussi. Du coup, il s’est mis à maudire le Rabbi de Nazareth, allant jusqu’à nier l’avoir déjà connu.
À l’heure même, Pierre était comparable à un faible animal, séparé du troupeau et poursuivi par un prédateur déterminé à le dévorer.
La Bible ne décrit pas ce que Pierre pensait ou ressentait en réalité. Par contre, ce qui est clair, c’est qu’un disciple ayant été courageux par le passé n’avait pas su se montrer à la hauteur de ses propres attentes.
Si on se met à la place de Pierre, on imaginera facilement que le mépris de soi, l’indignation, la culpabilité et la honte ont dû s’emparer temporairement de lui.
Si c’est ce qui se produisait chez Pierre, son ennemi aurait le dessus sur lui par ses stratégies. Satan est un menteur qui désire nous faire croire le contraire de ce que notre Dieu fait pour nous ou pense de nous en réalité.
L’ennemi de Pierre était réel, mais il s’agit d’un ennemi qui se spécialise dans l’illusion. Le rugissement du lion était une tactique d’intimidation trompeuse. S’il parvenait à dévorer Pierre, ce serait par des mensonges.
La vérité était toutefois sur le point de refaire surface. Tandis que Pierre agonisait devant son propre échec, Jésus est ressuscité des morts pour se mettre à contrer ouvertement les mensonges de son ennemi. Au cours des quarante jours qui ont suivi sa résurrection, Jésus est apparu plusieurs fois à Pierre et aux autres disciples.
Lors d’une de ces apparitions, Pierre a découvert que sa trahison ne marquait pas la fin de tout. Son reniement de Christ, sous le sceau de la malédiction, ne l’a pas rendu inutile au service de son Seigneur. Sa foi ne s’en est pas trouvée détruite.
L’issue de sa situation a dépassé tout ce que Pierre aurait pu espérer. Jésus a rassuré celui-ci quant au fait que l’occasion qu’il avait d’aimer Christ, et de venir en aide à ceux pour qui Christ était mort, ne faisait que naître (JEAN 21.15-17).
Père céleste, aide-nous à nous rappeler que notre ennemi est aussi réel que ses voies sont trompeuses. Quand nous entendons le rugissement des ennuis, veuille nous aider à courir nous réfugier dans les bras rassurants de notre Avocat plutôt que de nous laisser dévorer par les mensonges de notre adversaire.