Isaac Watts, l’un des plus grands auteurs de cantiques du 18e siècle, a écrit le chant « Quand je contemple cette croix ». Dans son écriture, il a eu recours au moyen poétique du paradoxe : « Combien mon orgueil d’autrefois m’apparaît vain et dérisoire ! » et « Vit-on jamais […] l’épine, au front d’un mourant, resplendir comme un diadème ? » On parle parfois d’oxymores : « des mots employés en contradiction apparente entre eux » – comme « terriblement bon ». Dans le cas des paroles de Watts, ce moyen s’avère très profond.

Jésus a souvent employé des paradoxes. « Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle » (MT 5.3), a-t-il dit, en laissant entendre que ceux qui sont sans espoir recevront plus qu’ils ne peuvent l’imaginer. Si vous et moi pleurons la perte d’un être cher, Jésus dit que nous serons « consolés » (V. 4). Christ montrait par là que, dans le royaume de Dieu, les règles courantes de la vie ne s’appliquent pas.

Ces paradoxes nous indiquent que la vie en Christ défie toute attente : nous qui ne sommes rien sommes appréciés comme si nous étions importants. Sur la croix, Jésus a porté un paradoxe visuel : une couronne d’épines. Isaac Watts a repris ce symbole de ridicule et, paradoxalement, lui a donné de la splendeur : « Vit-on jamais amour si grand / S’unir à douleur plus extrême / Et l’épine au front d’un mourant / Resplendir comme un diadème ? » Ce cantique se termine ainsi : « Mais voici ma vie et mon cœur ! C’est ce qu’un tel amour demande ! »