Le « Jésus kitsch » est très populaire. Sur les tableaux et les affiches, il a toujours les dents blanches et droites, un teint resplendissant, de beaux yeux bleus et brillants, et de longs cheveux ondoyants. Il apparaît souvent en flou artistique, assis au soleil dans une paisible campagne, à regarder affectueusement l’agneau qu’il tient dans ses bras. Le « Jésus kitsch » porte de longues robes blanches, même lorsqu’il apparaît dans une scène moderne, et tient parfois un bâton de berger. Le « Jésus kitsch » est insouciant et ne plisse jamais le front. C’est le Jésus des cartes de souhaits, qui répand une odeur de lavande, un personnage mythique qui va nonchalamment par les prés.

Ne me croyez pas dépourvu de sensibilité. Ces représentations artistiques de Jésus ne sont pas toutes mauvaises : elles nous rappellent le côté doux, attentionné et calme de Jésus. Le « Jésus kitsch » a toutefois un problème : il est glorieux, sans être courageux, victorieux sans avoir souffert et ressuscité sans avoir connu la crucifixion.

Oui, les chrétiens croient en un Christ ressuscité, glorieux et victorieux, qui apporte lumière, paix et joie à leur vie. Notre rédemption n’est toutefois possible que par sa crucifixion. Alors que le « Jésus kitsch » circule sur le Web sans peur ni soucis, le vrai Jésus sue des grumeaux de sang (LU 22.44). Tandis que le « Jésus kitsch » caresse ses petits agneaux, le vrai Jésus se fait lacérer le dos par les coups de fouet (MT 27.26). Alors que le « Jésus kitsch » tend ses mains propres et douces aux gens, le véritable Jésus arbore les cicatrices de sa crucifixion, même après sa résurrection (JN 20.27).

Le « Jésus kitsch » échappe à l’élément crucifixion de la vie de Jésus et proclame une foi dépourvue de douleur en un Jésus sans cicatrices. Rappelons‑nous cependant que les mains de Jésus portent encore la marque des clous, même après sa résurrection. Il est notre Seigneur dans la souffrance et dans la victoire.