Si vous voulez m’humilier, mettez-moi une image d’Où est Charlie ? entre les mains. Ce sont ces dessins où l’on tente de trouver le personnage de Charlie fondu dans le décor. Je peux scruter ces images pendant des heures sans le moindre résultat. Quand quelqu’un m’indique finalement l’endroit où il se trouve, je deviens embarrassé de le voir , bien en vue ! Comme le théologien Stanley Hauerwas a dit : « Nous ne voyons pas la réalité simplement en ouvrant les yeux. »

Au jour de la résurrection de Jésus, deux de ses disciples marchent sur le chemin menant au village d’Emmaüs. Ils sont rongés par le chagrin, « l’air attristé » (Lu 24.17). Un inconnu s’approche d’eux, mais cet étranger n’en est pas un. C’est Jésus, ressuscité des morts. Cependant, les deux disciples ne le reconnaissent pas. Il est intéressant de remarquer que le texte biblique ne nous dit pas si c’est Dieu ou Satan ou leur propre tristesse qui les a aveuglés. Je me demande si Luc a délibérément omis ce détail, afin de nous permettre de réfléchir sur les nombreuses occasions où nous apercevons Jésus sans le voir réellement.

Peu importe la raison de leur aveuglement, Jésus ne les laisse pas dans l’obscurité. Il les aide à ouvrir les yeux en « leur [expliquant] dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (v. 27). Puis, il les rassemble autour d’une table, rompt le pain, le bénit et le leur offre. C’est une reproduction de la Cène, le dernier repas de Jésus avant sa mort sur la croix.

Dans ce moment fort, les deux voyageurs reconnaissent leur Seigneur ! Alors que les écailles tombent de leurs yeux, ils se remémorent combien leur coeur était enflammé durant leur entretien avec Jésus sur la route. Leur vue était affaiblie, mais s’ils avaient été attentifs, leur coeur leur aurait fait découvrir la vérité. Parfois, nos yeux aveugles ont besoin d’écouter nos coeurs enflammés.